“115” ! une instruction interministérielle visant à l’obliger à communiquer la liste des réfugiés qu’il héberge …
Le Monde du 30 /6/ 2019
Après la circulaire Collomb qui organisait la collecte d’informations dans les structures d’hébergement d’urgence par des équipes mobiles des préfectures, un projet d’instruction interministérielle, établi par les ministres de l’ Intérieur et de la cohésion des territoires, veut maintenant aller plus loin.
Il renforcerait l’échange d’informations entre l’Hébergement d’Urgence “115” et l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFFI). Ce texte en projet veut systématiser la communication par le “115” de la liste des personnes hébergées , demandeurs d’asile ou réfugiés . Il serait prévu, en plus, la mise en place de réunions au niveau de chaque département “ sous l’autorité du préfet” pour examiner les situations individuelles.
Le motif principal invoqué pour partager les fichiers sur l’identité des demandeurs d’asile et des réfugiés serait de “mieux orienter les personnes vers des prestations qui leur sont dédiées”.
Compte tenu de la situation tendue du logement et des difficultés d’accés au travail, on voit mal comment l’État arrivera vraiment à dégager les migrants des centres du 115. Selon une estimation récente, 11000 demandeurs d’asile et 8000 réfugiés seraient localisés dans les centres d’hébergement d’urgence.
Ce qui inquiète les acteurs du monde social, notamment les présidents de la F.A.S (fédération des acteurs de la solidarité), c’est que ce dispositif pourrait organiser et accentuer le transfert des migrants , enregistrés dans un autre état membre vers les pays en question , “situation des dublinés”.
Pour la F.A.S , se pose le problème de la remise en cause de l’accueil inconditionnel et du risque d’atteinte au secret professionnel des travailleurs sociaux… appeler le “115” deviendrait un piège. Qui plus est, ce projet n’aurait-il pas un effet pervers supplémentaire , celui d’augmenter encore les campements de rue !