LOGEMENT SOCIAL : un modèle français « sous tension »

 

LOGEMENT SOCIAL (français) : UN MODELE FRANÇAIS « SOUS TENSION »

Journal Le Monde du mercredi 25 septembre 2019

Les chiffres de 2018 sont officiels : plus de 2 millions de ménages (2,1 millions de ménages inscrits) sont dans l’attente d’un HLM, soit 12 % de plus qu’en 2015.

De fait, un candidat sur cinq seulement peut entrevoir une solution ; à Paris, c’est moins d’un sur dix.

Information méconnue, au-delà de ces demandes en attente (2/3 des ménages sont éligibles au logement social), la France demeure un des pays les mieux pourvus en Europe avec 4,6 millions de logements HLM, détenus par 600 organismes HLM.

Ainsi, 18 % des ménages français sont logés dans le parc HLM, localisé principalement dans les métropoles, dont près de 31 % sont situés dans les quartiers prioritaires de la ville.

La France est également le pays où la construction de logements HLM se situait, jusqu’à présent, à un haut niveau de construction (88000 logements HLM chaque année en construction).

Des inquiétudes, cependant, voient le jour dans le « monde HLM ». Le 80ème congrès du logement social, qui se tient à Paris du 24 au 26 septembre 2019, évoquera sans  doute le problème de la paupérisation croissante des locataires  (avec moins d’entrants chaque année du fait de la faible vacation des logements, on constate que les locataires (chiffres de 2013), pour 50 % d’entre eux, arrivent avec des ressources qui les situent parmi les 25 % des Français les plus modestes (20 % en 1973).

Aussi inquiétantes, les coupes budgétaires opérées par le gouvernement dans les finances des organismes HLM (800 millions en 2018/890 millions en 2019/1,3 milliard en 2020) qui mettent à mal la capacité de ces organismes à investir dans la construction et la rénovation (ponction sur les ressources des bailleurs sociaux avec la baisse des APL).

Les chiffres sont parlants : en 2018, – 23 % de crédits accordés par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) aux bailleurs sociaux, – 9 % de permis de construire délivrés au bailleurs sociaux….

Pourtant, le modèle financier des HLM demeure exemplaire puisqu’une partie de l’épargne des français (Livret A) finance la Caisse des Dépôts et Consignations qui distribue des prêts à long terme aux bailleurs sociaux (14 milliards d’euros chaque année).

Le « Monde HLM » n’a pas tardé à réagir devant les ponctions financières et cherche désormais à diversifier ses financements en levant des fonds sur les marchés financiers, voire en faisant entrer au capital des investisseurs privés (fonds de pensions, familles fortunées, etc…), ce qui inquiète certains acteurs : le modèle français pourra-t-il être sauvegardé (accueil des familles modestes et des classes moyennes) ? Autre piste recherchée également, la vente des logements sociaux pour dégager des fonds (en 2018, 8700 logements ont été cédés pour 40 % aux locataires sur place et 60 % à des acheteurs extérieurs).

C’est donc un modèle sous tension et en mutation qui caractérise actuellement la situation des HLM en France. Plus que jamais, les familles modestes, les « précaires » ont un besoin impérieux d’accéder à ce type de logements.

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